Sainte-Soline : les forces de l’ordre ont-elles entravé l’intervention des secours ?
Publié : 29 mars 2023 à 10h58 par Étienne Escuer
La polémique enfle après les affrontements entre forces de l’ordre et antibassines le 25 mars dernier à Sainte-Soline, en Deux-Sèvres. Les gendarmes sont accusés d’avoir entravé l’intervention des secours, ce que démentent les autorités.
Les forces de l’ordre ont-elles entravé l’intervention des secours, lors des violents affrontements samedi dernier à Sainte-Soline ? C’est en tout cas ce que dénonçait dès lundi la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), qui avait envoyé une vingtaine d’observateurs sur place.
Une thèse réfutée par le Samu 79. Interviewé par France 3, le chef du pôle urgences du Centre Hospitalier de Niort, Farnam Faranpour, indique qu’il n’y « pas eu de barrages de gendarmerie pour empêcher les secours ». Le compte Twitter du Samu 79 indique également que « nous n’avons pas été obstrués dans l'exercice de notre fonction mais avons bien assurés les soins dans des circonstances particulièrement dangereuses pour nos équipes. » Il précise cependant qu’il est impossible d’envoyer une ambulance en zone d’affrontements, en raison du risque d’explosion lié à la présence d’oxygène dans le véhicule. Selon Farnam Farampour, la situation sur place a provoqué des difficultés pour accéder aux blessés les plus graves, d’autant plus que l’équipe de secours a été sollicitée par d’autres blessés en arrivant sur les lieux.
Le Monde révèle un enregistrement
Ce mardi 28 mars dans la soirée, un enregistrement révelé par le journal Le Monde, puis Mediapart et France Info, vient cependant semer le doute quant à la version donnée par les autorités. Il s’agit d’une conversation entre un médecin de la manifestation et un opérateur du Samu. Ce dernier indique « avoir eu un médecin sur place » et lui avoir indiqué « qu’on n’enverra pas d’hélico ou de moyen SMUR sur place parce qu’on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l’ordre. » Relancé sur le fait que la situation semble s’être calmée sur place, il poursuit : « Le problème, c’est que c’est à l’appréciation des forces de l’ordre et qu’on est sous un commandement qui n’est pas nous. »
Les explications de la préfecture
La préfecture des Deux-Sèvres a réagi par un communiqué mardi soir. Elle rappelle « qu’il appartient aux forces de l’ordre de définit si l’arrivée d’un véhicule de secours à un certain point est possible ou non de façon sûre pour lui. Il n’est donc pas surprenant que, si ces conditions de sécurité n’étaient pas réunies, les forces de l’ordre aient pu indiquer qu’un envoi d’ambulance n’était pas possible dans l’immédiat. » La préfecture ajoute que « c’est donc pour éviter que le SAMU ou les pompiers ne soient pris à partie que cette consigne a pu être passée ». Quant au manifestant gravement blessé, elle insiste sur « le rôle essentiel joué un médecin de la gendarmerie, qui a notamment porté secours au milieu d’un groupe d’opposants agressifs. Il a été la cible de projectiles à son départ alors qu’il a prodigué les premiers secours et attendu l’arrivée du SAMU à ses côtés. »
Le rapport du premier bilan des opérations, signé par un général d’armée et rendu public, s’inscrit dans la même veine. Il est précisé que « les véhicules du Sdis et du Samu ont été ralentis par des véhicules particuliers » et que « des affrontements en cours ou des groupes hostiles justifiaient une escorte de gendarmerie. Le Smur progresse alors jusqu’au traumatisé sans escorte car la seule vue des motards de gendarmerie générait un accroissement de l’hostilité des manifestants. La localisation du traumatisé était au plus proche du lieu où les hostilités avaient été particulièrement fortes contre les gendarmes ».