Comment savoir si mon enfant regarde trop la télé ?

Publié : 25 juin 2023 à 19h00 par Maud Tambellini

Les enfants et les écrans : quelles sont les règles ?

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Pas d’écran pour les enfants avant 3 ans. En tant que parent, c’est une phrase que vous avez sûrement entendu plus d’une fois. Mais pourquoi ? Quels sont risques de passer trop de temps devant un écran ? C’est à toutes ces questions que nous allons répondre dans l’épisode 1 de notre gros plan de la rédaction dédié aux défis de la parentalité.

La question du temps passé devant les écrans par nos enfants est un défi majeur de la parentalité. Car il y a les préconisations des professionnels de santé d’un côté et la vie quotidienne de l’autre. Pas d’écran pour les enfants avant 3 ans certes, mais comment réussir à faire son ménage, laver le linge et cuisiner si l’enfant est toujours à nos côtés ???


Pour parler du thème des écrans, nous avons interrogé Serge Tisseron. Il est psychiatre, membre de l’académie des technologies et du conseil national du numérique. Il a par ailleurs écrit le livre « 3-6-9-12 Apprivoiser les écrans et grandir » aux éditions Érès.


Pourquoi pas d’écran avant 3 ans ?


La première chose à savoir c’est que cette limite de 3 ans a été choisie car elle coïncide en terme d’âge avec l’entrée à l’école. Auparavant, « l’enfant est en pleine construction de sa personnalité et de ses compétences, qu’elles soient motrices ou relationnelles » nous explique Serge Tisseron. Or « lorsqu’un enfant est devant un écran, il ne manipule pas des objets, il n’interagit pas avec des humains qui ont des attitudes, des mimiques en réaction à son comportement. Et donc la construction de ses compétences s’en trouve gênée ou retardée. »


Après Serge Tisseron relativise lui-même. Un dessin animé d’une demi-heure dans la semaine n’est pas un drame en soi pour les plus petits tant qu’il a aussi â côté des jouets adaptés à son âge et des interactions avec d’autres enfants pour développer sa sociabilité.


Entre 3 et 6 ans : développer la capacité d’auto-régulation


On y est, votre enfant a 3 ans. Il peut donc regarder des écrans. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut le laisser toute la journée devant la télévision !


Pour Serge Tisseron, cette période de 3 à 6 ans est déterminante pour apprendre à développer la capacité d’auto-régulation de l’enfant, c’est-à-dire être capable d’apprendre à attendre.


Il conseille de fixer une tranche d’écran par jour à un moment qui semble opportun aux parents. L’enfant peut par exemple avoir le droit à une demi-heure le soir après le repas, deux heures le samedi après-midi. Peu importe. L’essentiel, c’est que l’enfant ait conscience de l’heure où il pourra regarder la télévision en lui montrant sur une pendule à quoi cela correspond.


« Ainsi quand l’enfant dira télé, télé, télé » précise Serge Tisseron « et bien les parents pourront dire : non tu vois, regarde les aiguilles de l’horloge ce n’est pas encore l’heure. À partir de 6 ans, en revanche, on peut évoluer et lui faire tenir un carnet de temps d’écran pour ne pas l’infantiliser. »


Et à noter que pour Serge Tisseron, d’autres problématiques entrent en jeu à partir de 9 ans comme la curiosité d’internet, le droit à l’intimité et le droit à l’image.


Les grands principes à retenir


Pour Serge Tisseron, au fond, les balises 3-6-9-12 reposent sur trois principes de base :


- accompagner l’enfant en regardant certaines films avec lui ou en parlant avec lui de ce qu’il a vu


- alterner les écrans. Il peut y avoir un peu de télévision, mais aussi des jeux vidéo créatifs comme Minecraft ou encore l’acquisition d’un appareil photo pour lui.


- Apprendre l’auto-régulation. Ce principe est essentiel car comme nous l’a confié Serge Tisseron « si un enfant refuse d’aller à l’anniversaire d’un copain parce qu’il préfère rester devant la télévision, là c’est inquiétant. ».


Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’interview de Serge Tisseron en podcast ci-dessous.

Et ne manquez pas les autres épisodes de ce gros plan de la rédaction, notamment sur l'alimentation de nos enfants et l'appréhension pour leur avenir.