Alcool : tolérance 0 pour les femmes enceintes

Publié : 9 septembre 2022 à 5h00 par Hugo Harnois

Quand grossesse et alcool ne font pas bon ménage

Crédit : Pixabay

Ce vendredi 9 septembre marque la journée mondiale de sensibilisation au Syndrome d'Alcoolisation Fœtal (SAF). Afin de sensibiliser au problème de la consommation d’alcool chez les femmes enceintes, l’association SAF France a lancé un mouvement solidaire. Un sujet jugé encore trop tabou.

10% des femmes enceintes boivent de l’alcool. Selon une récente étude, les femmes venant de toutes catégories socioprofessionnelles sont encore trop nombreuses à consommer de l’alcool durant leurs grossesses. « C’est encore un gros problème », déplore le docteur Denis Lamblin, pédiatre et président de l’association SAF France.


 


Un enfant sur 1000 touché


Plus dangereux que le tabac, la cocaïne ou même l’héroïne, peu de personnes connaissent les méfaits et les dangers de l’alcool sur un bébé. Affectant un enfant sur 1000, le SAF peut provoquer des retards de croissance, des malformations, la mort inopinée d’un nourrisson, mais aussi des conséquences sur le long terme, comme des maladies psychiatriques ou des troubles de l’apprentissage conduisant à l’échec scolaire. Il y a également sept fois plus de risque de devenir toxicomane lorsque l’on a été alcoolisés in utero.


Pour donner une image concrète, Denis Lamblin explique que « l’alcool est comme un médicament interdit pendant la grossesse. » Le manque d’informations représente la première cause de la consommation d’alcool chez les femmes. Viennent ensuite les addictions puis les difficultés de parler d’un sujet encore trop tabou


 


"Une grande injustice sociale"


Cependant, le médecin ne blâme pas les femmes concernées et explique que nous sommes tous responsables de ce phénomène : « le problème, ce n’est pas seulement la femme qui boit, mais le conjoint qui ne l’aide pas, le médecin qui ne parle pas de ce problème, ou la publicité qui cible les femmes enceintes sans les prévenir des dangers de l’alcool ».


Denis Lamblin va même plus loin et évoque une « société qui n’est pas capable de protéger les femmes des violences intrafamiliales, car 95% des femmes addictes à l’alcool sont victimes de violences et de traumatismes. » Le président de l’association parle même d’une « grande injustice sociale » avec un autre chiffre. Selon lui, un tiers des enfants placés à l’Aide Sociale à l’Enfance sont victimes de problèmes liés au SFA : « ça bafoue le droit des enfants ».


C’est pourquoi le pédiatre appelle notamment tous les élus, les Départements, les Régions et les Agences Régionales de Santé à travailler ensemble pour davantage sensibiliser les femmes enceintes, dans le but que « leurs bébés soient en mesure d’affronter les défis de leurs vies ».